La musique est ce qui n'est pas :
La musique c'est du son sans le sens. La musique ne signifie rien. Ce n'est donc pas un discours, ni une langue, ni un langage au sens de la linguistique (c'est-à-dire, avec une double articulation signifiant/signifié). Ce constat n'empêcha pas le développement dans les années 1970 d'une sémiologie de la musique chargée d'opérer les rapprochements et les différences entre musique(s) et langage(s).
La musique ce n'est pas du bruit : le bruit peut être une composante de la musique, comme il est une composante (essentielle) du son. Mais si l'Art des bruits théorisait l'introduction par les futuristes italiens des « bruits » de la vie quotidienne dans la création musicale (mouvement poursuivi par Varèse puis par la musique concrète –cf. infra–), le bruit est aussi synonyme de désordre non construit, quand la musique, elle, est une organisation, une composition, un choix délibéré… (cf. la définition du son musical). L'opposition faite entre ces deux mots porte généralement à confusion, et il faut donc se référer plutôt à la notion d'organisation.
La musique n'est pas une universalité : La musique n'a pas le même sens pour tous ceux qui l'entendent (cf. infra, définition sociale). Chaque individu fait appel à sa propre émotivité, à son imagination, à ses souvenirs… pour donner à la musique un sens qui lui paraît convenir. Certes, on peut constater, parmi des individus d'une même culture, que certains phénomènes (ex.: accélération du tempo) ont un effet quasiment similaire, mais tous les détails, toutes les subtilités d'une œuvre ou d'une improvisation ne sont pas ressentis de la même manière par des auditeurs de catégories sociales pourtant proches.
Depuis les plus profondes racines de son histoire, la musique s'entend comme une pratique culturelle, pouvant ou non posséder une dimension artistique, mais qui consiste en une combinaison de sons et de silences. Même dans le cas des musiques dites aléatoires derniers avatars de sa déconstruction / reconstruction, la musique s'inspire toujours d'un « matériau sonore » pouvant regrouper l’ensemble des données perceptibles, pour construire ce « matériau musical », représentation propre au compositeur ou qu'il confie à la technique. L’audition qui est le plus adapté de nos sens pour la connaissance des sentiments est, a contrario, le moins apte à la connaissance objective. La musique est donc une prise de possession d’éléments formels qui appartiennent à la fois au conscient, à l’inconscient et au spirituel, pouvant se décliner dans l'ensemble des affects culturels. De cette diversité de pratiques, on retiendra surtout que la musique ne peut avoir une seule définition précise et regroupant tous les types de musique, tous les genres musicaux, mais que l'on doit, suivant l'angle par lequel on veut l'aborder, susciter quelques définitions qui, sans s'opposer, fondent, sur tous les continents, une « histoire de la musique » en perpétuelle évolution, tant dans le domaine de la musique savante que des musiques traditionnelles ou des musiques populaires.